
@ Dr Wilfrid CASSERON
Revue de Presse
J’interviens régulièrement sur des sites grand public tels que doctissimo.fr concernant les actualités thérapeutiques en neurologie, la recherche clinique en neurologie ou en neuroscience
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DES RESULTATS PROMETTEURS DANS LA SEP
Publié le 01/12/2023 à 06h30 , mis à jour le 01/12/2023 à 06h30
Lecture 4 min.
Actualités en collaboration avec Wilfrid Casseron (Neurologue)
Lors d’un essai clinique, une nouvelle thérapie à base de cellules souches a permis de stopper l’évolution de la sclérose en plaques (SEP) chez les participants. De quoi entrevoir un espoir ? Nous avons posé la question au Dr Wilfrid Casseron, neurologue. La sclérose en plaques, ou SEP, est une maladie auto-immune qui affecte le système nerveux central et touche 120 000 personnes en France, dont 700 enfants et 3 000 nouveaux cas par an. La dysfonction du système immunitaire qui la caractérise entraîne des lésions qui provoquent des perturbations motrices, sensitives, cognitives, visuelles ou encore sphinctériennes, pouvant progresser vers différents types de handicap. A ce jour, des traitements existent (corticoïdes, immunomodulateurs, immunosuppresseurs) qui visent à réduire les poussées, accélérer la récupération et mieux vivre au quotidien, mais aucun traitement ne permet de stopper totalement la progression de la maladie ou de la guérir. Mais dans la quête d‘un tel traitement, une nouvelle étude proposant une injection de cellules souches pourrait être une piste sérieuse. Une injection de cellules souches directement dans le cerveau des patients L’étude dont nous parlons, publiée le 27 novembre, fait état d’un essai mené sur 15 patients atteints de sclérose en plaques secondaire (la phase progressive de la maladie) âgés de 38 à 57 ans, et tous présentant des niveaux élevés d'invalidité. L’expérience consistait à leur injecter des cellules souches neurales directement dans le cerveau et d’observer au cours des 12 mois suivants tout effet secondaire et tout changement dans leurs symptômes. Pour cela, ils ont également été contraints de prendre des médicaments immunosuppresseurs pendant la moitié de la période de suivi. Au bout d’un an, l’essai a révélé plusieurs choses : Le traitement était sûr et bien toléré : il n'y a pas eu de décès ni d'effets indésirables graves, et lorsque des effets secondaires se sont produits, ils étaient soit temporaires, soit réversibles ; Aucun des patients n'a présenté une augmentation de son handicap ou une aggravation de ses symptômes pendant cette période observée. Et un impact observé sur le métabolisme du cerveau L'équipe a également surveillé l’effet possible de ces injections sur le métabolisme du cerveau. Selon de précédentes recherches chez l'animal, la modification du métabolisme du cerveau était capable de reprogrammer les cellules immunitaires qui attaquent le système nerveux central dans le cas de la SEP. Ils ont ainsi pu constater deux choses. Les chercheurs ont ensuite évalué un sous-groupe de patients pour détecter les modifications du volume du tissu cérébral associées à la progression de la maladie. Ils ont constaté que plus la dose de cellules souches injectées est importante, plus la réduction de ce volume cérébral est faible au fil du temps. Ils pensent que cela pourrait être dû au fait que la greffe de cellules souches a atténué l’inflammation. L’équipe a également recherché des signes indiquant que les cellules souches avaient un effet neuroprotecteur, c’est-à-dire qu’elles protégeaient les cellules nerveuses contre d’autres dommages. Ils ont mesuré les changements dans le liquide autour du cerveau et dans le sang au fil du temps et ont découvert certains signes liés à la façon dont le cerveau traite les acides gras. Ces signes étaient liés à l’efficacité du traitement et à l’évolution de la maladie. Plus la dose de cellules souches est élevée, plus les niveaux d’acides gras sont élevés, ce qui persiste également sur une période de 12 mois. "Je suis prudent mais très enthousiaste quant à nos résultats, qui constituent une étape vers le développement d'une thérapie cellulaire pour le traitement de la sclérose en plaques", a déclaré Stefano Pluchino, qui a codirigé l'étude. Plusieurs facteurs limitant à prendre en compte, selon le Dr Wilfrid Casseron Consulté sur le sujet, le Dr Wilfrid Casseron, neurologue évoque pour nous la piste cellulaire comme piste de recherche connue aujourd’hui : “Les traitements par cellules souches sont évalués depuis quelques années en hématologie, il y a déjà eu plusieurs publications sur la greffe de cellules souches autologues (celles du patiente-lui même), pas voie sanguine. Les résultats démontrés étaient probants chez des patients avec une forme sévère de SEP, résistants aux traitements immunosuppresseurs. Une autre étude démontrait que la greffe sanguine avait une supériorité sur le Fingolimod, mais pas face au Natailzumab, Ocrelizumab qui sont des traitements de fond". Selon le médecin, la voie cellulaire serait donc intéressante pour les patients qui échappent à l’arsenal thérapeutique usuel. La greffe intracérébrale rentre donc dans cette même voie, mais possède toutefois plusieurs facteurs limitants, outre le tout petit nombre de participants : “Il faut déjà savoir que ces patients doivent recevoir une chimiothérapie pour supprimer leur propre système immunitaire et peuvent faire de graves infections, il faut bien mesurer la balance bénéfices/risques. De plus, il y a le fait d’injecter ces cellules souches dans le cerveau : accepter de recevoir une greffe par voie sanguine, c’est une chose, mais l’accepter pour une greffe intracérébrale est un peu plus compliqué. Cela ne peut concerner que certains patients en particulier, ceux qui n'ont plus d'autres options thérapeutiques.” Malgré ces réserves, la piste cellulaire nourrit beaucoup d’espoir chez les patients, “mais aujourd’hui on dispose d’un certain arsenal thérapeutique et médicamenteux qui n’est pas négligeable dans la SEP. Ces recherches concernent à mon sens un nombre très limité de patients avec des formes très sévères, pour que le rapport bénéfices/risques soit réellement intéressant” conclut notre expert.
Article publié sur le site Doctissimo.fr

MIGRAINES : QUOI DE NEUF ?
Publié le 02/02/2023 à 09h10 , mis à jour le 02/02/2023 à 09h10 Lecture 3 min.
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Les recommandations officielles de la prise en charge de la migraine viennent d’être publiées dans le Journal de l'Association médicale canadienne. Qu’en est-il en France ? Les réponses du Dr Wilfrid Casseron, neurologue à Aix-en-Provence. La migraine est une pathologie invalidante, causant des maux de tête d’intensité variable plusieurs fois par mois et souvent accompagné d’autres symptômes. Elle toucherait au Canada 12 % des adultes, avec une proportion plus importante de femmes (18 % contre 6 % d’hommes). En France, ils seraient environ 6 millions d'adultes concernés, au total. Comment se définit la migraine et comment doit-elle être prise en charge lors d’une crise aiguë ? Différents types de migraines La migraine est caractérisée par une hyperexcitabilité neuronale. "Les crises de migraine peuvent être décomposées en 5 phases : prodrome, aura, céphalée, postdrome et intercritique. Cependant, toutes les crises de migraine ne passent pas par toutes les phases (par exemple, seul un tiers des personnes souffrant de migraine connaîtront une aura) et les phases ne se succèdent pas nécessairement (par exemple, l'aura et les maux de tête peuvent se produire simultanément)" rappelle tout d’abord l’association médicale canadienne. La suite après cette publicité Particularité de la migraine avec aura De plus, dans la migraine avec aura, les symptômes de l'aura doivent répondre à au moins 3 des 6 caractéristiques de l'aura : Au moins 1 symptôme de l'aura augmente progressivement sur 5 minutes ou plus ; Deux symptômes de l'aura ou plus se succèdent ; Chaque symptôme de l'aura dure 5 à 60 min ; Au moins 1 symptôme de l'aura est unilatéral ; Au moins 1 symptôme de l'aura est présent ; L'aura est accompagnée - ou suivie dans les 60 min - par des maux de tête. L’objectif étant de mieux distinguer l'aura migraineuse des symptômes d'un accident ischémique transitoire. Pas d’imagerie de manière systématique Selon les préconisations du Journal de l’Association médicale canadienne, "l'imagerie de routine n'est pas recommandée chez les patients souffrant de migraine qui ne présentent pas de signaux d'alarme, de symptômes atypiques ou de résultats anormaux à l'examen neurologique". La suite après cette publicité Cette recommandation s’appuie sur celles de l'American College of Radiology et de l'American Headache Society, qui déconseillent fortement la neuroimagerie de routine pour les patients souffrant de céphalées stables qui répondent aux critères de la migraine et qui ont un examen neurologique normal. "C’est la même chose en France, mais il est difficile de convaincre un patient inquiet de ses maux de tête qu’il n’y a aucun intérêt à faire une imagerie, mais on y arrive parfois" avoue le Dr Wilfrid Casseron, neurologue à Aix-en-Provence. "Je conseille plutôt aux patients de noter leurs crises et les traitements pris dans un calendrier ainsi que les cycles pour les femmes, car les migraines sont parfois d’origine hormonale afin de mieux cibler les crises". Détecter les "red flags" ou "drapeaux rouges" qui nécessitent une IRM Dans certains cas, en revanche, l’imagerie est nécessaire. " Je demande toujours une IRM pour des patients plus âgés, au-delà de 50 ans souvent, qui présentent d’autres symptômes : une perte de poids, une fièvre, des douleurs qui augmentent avec les changements de position… Autant de petits drapeaux rouges qui sont des indicateurs pour réaliser une imagerie" ajoute le spécialiste. La suite après cette publicité Les autres recommandations de l’association médicale canadienne Concernant les traitements, l’association médicale canadienne recommande "une approche stratifiée pour le traitement de la migraine aiguë (qui) permet aux patients de choisir parmi différentes options de traitement en fonction des symptômes et de la gravité de la crise et encourage les patients à combiner des médicaments de différentes classes". Elle rappelle aussi que le "traitement efficace de la migraine aiguë comprend l'acétaminophène, les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les triptans" et que "l’ubrogepant et le rimegepant - deux médicaments qui viennent d'être autorisés aux Etats-Unis par la FDA - sont de nouveaux traitements efficaces contre la migraine, adaptés aux patients atteints de maladies cardiovasculaires chez qui les triptans sont contre-indiqués". Selon le Dr Casseron, ces deux molécules "induisent une vasoconstriction, ce qui est contre-indiqué chez des patients aux antécédents cardiaques". Lire aussi Le neurologue tient également à rappeler qu’il existe d'autres médicaments efficaces, en France, les anticorps monoclonaux CGRP, qui ne sont actuellement pas remboursés par la Sécurité Sociale. "C’est scandaleux car d’une part, cela crée une médecine à deux vitesses, avec le patient qui a les moyens de payer son traitement à 350 euros le mois et celui qui ne peut pas" précise d'une part le médecin. "Et en plus, si l’on chiffre le coût global (consultations, traitements, absentéisme au travail…) de la prise en charge de ces migraineux réfractaires - ce sont ceux qui ont échappé à au moins deux traitements de fond - qui sont 60 000 au bas mot en France, je pense que le remboursement de ce type de traitement est largement justifié" conclut le spécialiste.
Article publié sur le site Doctissimo.fr

POURQUOI CE NEUROLOGUE POUSSE UN COUP DE GUEULE SUR LE REMBOURSEMENT DES AVANCEES THERAPEUTIQUES DANS LA MIGRAINE ?
Publié le 13/09/2023 à 17h33 , mis à jour le 13/09/2023 à 17h33
Lecture 3 min.
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Pour soulager les patients migraineux, il existe une nouvelle classe de médicaments : des anticorps monoclonaux, appelé anti-CGRP. Efficaces, ils pourraient permettre à certains patients d’éviter de souffrir de fortes crises mais ils coûtent très chers et ne sont à l’heure actuelle pas remboursés par la Sécurité sociale. Doctissimo a interrogé le Dr Wilfrid Casseron, neurologue à Aix-en-Provence, qui dénonce une injustice. Le troisième sommet francophone de la migraine s’est tenu le 9 septembre dernier. Cet événement 100 % digital, organisé et diffusé par La Voix des migraineux, une association de patients, a été pour les malades l’occasion de pousser un cri de colère. La raison : l’absence de remboursement en France des anti-CGRP, des anticorps monoclonaux qui soulagent efficacement certains malades, fortement touchés par des crises de migraines fréquentes. Quels sont les patients concernés par ce type de traitement novateur ? Interrogé, le Dr Casseron nous explique que les patients migraineux sont nombreux, mais que ceux éligibles à ce type de traitements le sont moins. "Pour avoir droit aux anticorps monoclonaux, il faut souffrir de huit jours de migraine par mois et avoir échappé à deux traitements de fond, au minimum. Cela représente entre 60 000 et 100 000 patients en France environ, sur les 10 millions de personnes souffrant de migraines" estime le spécialiste. La suite après cette publicité La prescription doit également se faire par un neurologue. "Cela semble être suffisamment bien encadré, selon moi, pourtant, les autorités sanitaires refusent encore de rembourser ce traitement". Des autorités qui ne reconnaissent pas "d’amélioration du service médical rendu" Les autorités sanitaires, notamment la Commission de la Transparence, doivent étudier le tout nouveau traitement pour en autoriser le remboursement. "Les avis [de cette commission] pour les 4 anti-CGRP actuellement existants (Aimovig, Ajovy, Emgality et Vyepti) comportent tous un SMR (service médical rendu) important ce qui signifie que l’importance de leur utilité dans le traitement des migraines est reconnue. Ces avis confirment ainsi qu’il existe un besoin non couvert pour une certaine catégorie de malades" note l’association de patients La Voix des migraineux, dans son communiqué. "Cependant, les 4 produits ont obtenu un AMSR (amélioration du service rendu) de V (5) faute d’étude contre comparateur. Celle réalisée pour Aimovig n’a pas été reconnue comme convaincante". La suite après cette publicité Pour le Dr Casseron, cela n’a pas de sens. "Il faudrait chiffrer le coût total de ce remboursement et faire un comparatif avec la situation actuelle. Estimer la perte de productivité, le nombre de jours d’arrêts maladie, les traitements non efficaces prescrits pour ces 100 000 patients et les comparer à ce que coûterait la mise en place d’un remboursement, à 30 % seulement de la part de Sécurité sociale, complété par les mutuelles et les assurances santé" ajoute notre expert. "C'est la seule manière de se rendre compte du gain effectif de ce traitement" A l’heure actuelle, la prise de ce médicament dépend du porte-monnaie du patient. "Dans ma patientèle, il y a des patients qui peuvent s’offrir ce médicament, qui coûte entre 240 et 270 euros par mois. Il s’agit d’un stylo injectable, comme pour l’insuline. Je le leur prescrit, ils prennent leur traitement en toute autonomie à domicile et tout se passe pour le mieux" détaille le médecin. La suite après cette publicité "Mais il y a aussi les patients pour lesquels il est impossible de mettre une telle somme tous les mois et qui n’ont plus qu’à serrer les dents, face à la douleur et c’est complètement injuste" dénonce-t-il encore. Pour certains de ces patients, le traitement pourra être prescrit et administré à l’hôpital, pour une prise en charge par l'Assurance-maladie. "C'est un moyen détourné de ne pas les faire payer, mais ce n'est pas une solution viable. Les délais pour ce type de prise en charge varient entre six et neuf mois et au vu du nombre de patients, c'est intenable. De plus, cela doit être répété dans le temps, c'est coûteux et cela prend des places en hospitalisation de jour, qui pourraient servir à d'autres malades. La Sécurité sociale paie donc pour une demi-journée d’hospitalisation en hôpital de jour, pour une prise en charge qui va durer dix minutes. Avec les 500 euros déboursés, on pourrait traiter deux patients" ironise-t-il. Lire aussi Ce cri du coeur des patients va-t-il faire bouger les choses ? Le Dr Casseron l’espère pour plusieurs raisons : "Ce n’est pas normal de créer une médecine à deux vitesses et une sélection à l’accès aux traitements par l’argent. En plus, la France est l’un des derniers pays à ne pas avoir mis en place le remboursement de ces traitements : l’Espagne, la Suisse ou l’Allemagne l’ont fait". Et il se projette à plus long terme : "Je pense aussi aux autres maladies, pour lesquels des traitements semblables peuvent se développer, à l’avenir. Seront-ils pris en charge pour des patients touchés par une maladie de Parkinson ou d’Alzheimer, bien plus nombreux ?"
Article publié sur le site Doctissimo.fr

PERTE DE MEMOIRE ANORMALE : LES "DRAPEAUX ROUGES" DES NEUROLOGUES
A partir d'un certain âge, la mémoire n'est plus aussi vive qu'avant. "Le pic de fonctionnement cognitif se situe autour de 25-30 ans. Passé cet âge, vos capacités cérébrales dont la mémoire commencent à décliner. C'est physiologique" nous indique le Dr Wilfrid Casseron, neurologue. Une perte de mémoire "normale" s'observe à partir de 60-65 ans chez la majorité des individus. Elle se manifeste par des troubles de la mémoire immédiate qui sont bénins tels que "je ne sais plus où j'ai mis mes clés, j'ai oublié ce que j'ai mangé au dîner il y a 3 jours ou ce que tu m'as dit au téléphone avant-hier". "Il faut rassurer les patients qui accompagnent leurs parents de 95 ans inquiétés par leurs trous de mémoire. Il est rare à cet âge d'avoir des facultés cognitives indemnes" insiste le Dr Casseron. En langage médical, la perte de mémoire est associée à la diminution des facultés cognitives. Les trous de mémoire bénins sont souvent limités dans le temps. "La cognition est l'ensemble des processus mentaux qui recouvrent la mémoire, le langage, la perception, les gestes et les fonctions exécutives (organisation, planification, jugement)" rappelle le neurologue. Les troubles proprement attribués à la mémoire sont à distinguer de ceux que l'on qualifie de troubles de l'attention. "Oublier son portable, ne plus se souvenir de sa place de parking, ouvrir un placard et ne plus savoir ce qu'on venait y cherchait... Ce sont des troubles attentionnels bénins et non des signes de pathologies de la mémoire" rassure l'expert. Les trous de mémoire bénins sont d'ailleurs souvent limités dans le temps. "Sur le coup on a oublié mais un petit effort et l'information revient" souligne le neurologue. En revanche, certaines pertes de mémoire sont anormales et peuvent indiquer des problèmes plus importants. "Un patient qui pense être au mois d'août alors qu'il fait très froid" Cela traduit une confusion et une désorientation spatio-temporelle et "c'est un drapeau rouge pour nous" illustre le neurologue. A différencier du patient retraité qui confond les jours de la semaine. "La dame qui va au supermarché, oublie temporairement où elle s'est garée mais finit par retrouver sa place, ça ne m'inquiète pas. Par contre, la dame qui rentre chez elle en bus, persuadée de ne pas avoir de voiture alors qu'elle s'est garée au parking du supermarché, je le note comme un drapeau rouge" développe le Dr Casseron. "Il a changé, je ne le reconnais plus" Les troubles du comportement et les changements dans le caractère font suspecter un trouble anormal de la mémoire. "Lorsque les proches nous disent "il a changé, je ne le reconnais plus, il ne faisait jamais ça...", c'est un signal" précise l'expert. "S'énerver rapidement à l'évocation du trouble ou redoubler de pirouette en prétextant une blague pour justifier ses oublis font partie des comportements suspects" ajoute le neurologue. "Il est persuadé que tout va bien" L'anosognosie (ou mauvaise conscience du trouble) désigne la situation dans laquelle le patient "ne se rend pas compte", d'après son entourage, qu'il est sujet à des troubles de la mémoire. "C'est une forme de déni par méconnaissance, le patient est persuadé de n'avoir aucun problème. C'est plus inquiétant que le patient qui consulte parce qu'il se rend compte qu'il a des oublis" reconnaît le médecin neurologue. "Il ne sait plus faire ce plat qu'il adorait cuisiner" Des tâches quotidiennes qui étaient autrefois faciles sont maintenant difficiles voire impossible à réaliser ? "Ne plus savoir exécuter des gestes et habitudes comme cuisiner un plat que vous faites très souvent ou bricoler peuvent révéler un trouble anormal de la mémoire" souligne le neurologue. De la même manière, "le patient qui déclare que son fils a 25 ans alors qu'il a dépassé la quarantaine ou celui qui pense que ses enfants sont décédés alors qu'ils sont vivants, ce sont des signes inquiétants" expose l'expert. C'est dans ce cas la mémoire biographique qui est touchée. Enfin, certaines personnes peuvent manifester des troubles du sommeil en plus de leurs problèmes de mémoire : car "les troubles de la mémoire dégénératifs anormaux impactent le rythme veille-sommeil" défend le Dr Casseron. Comment diagnostiquer une perte de mémoire anormale ? Lors de la consultation, le neurologue fait passer des tests de mémoire et un questionnement médical au patient. "En cas de suspicion avec la consultation clinique, on prescrit des examens d'imagerie (IRM cérébrale et éventuellement scintigraphie) et un bilan sanguin. On propose également un bilan neuro-psychologique standardisé et chiffré pour évaluer la situation cognitive, poursuit le neurologue. On peut aussi réaliser une étude des biomarqueurs via une ponction lombaire mais cet examen est invasif donc pas systématique". Peut-on prévenir ou ralentir une perte de mémoire anormale ? "Il n'existe pas de traitement médical curatif pour ralentir la perte de mémoire mais des essais cliniques sont actuellement en cours pour élaborer des stratégies thérapeutiques" encourage le Dr Casseron.
Cependant, certains facteurs influencent les facultés cognitives telles que la mémoire : ► Les troubles perceptifs comme la perte auditive aggravent les difficultés cognitives d'où l'importance d'appareiller rapidement un patient qui perd l'ouïe. ► Une mauvaise alimentation, la prise de médicaments psychotropes (benzodiazépine) et la consommation d'alcool accroissent les troubles de la mémoire. "Une corrélation a été établie entre une mauvaise santé cardio-vasculaire et les troubles cognitifs, que l'on appelle les troubles neurovasculaires" souligne l'expert. ► L'isolement, l'absence de relations sociales et le temps passé devant les écrans ont un impact négatif sur les fonctions cognitives. A l'inverse, "des conversations et activités sociales (sortir au cinéma, voir une exposition etc) favorisent le maintien de la mémoire. Avoir un bon bagage socio-culturel accroît la mémoire et les facultés cognitives (lire, écrire, s'instruire)" défend notre interlocuteur. ► Le manque de sommeil et la déprime amplifient les pertes cognitives. Merci au Dr Wilfrid Casseron, neurologue.
Article publié sur le site le Journal des Femmes

A PROPOS DU FILM "LES MIENS" DE ROSCHDY ZEM : LES CONSEQUENCES DU TRAUMATISME CRANIEN
Publié le 29/11/2022 à 16h27 , mis à jour le 29/11/2022 à 16h27
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L’acteur Roschdy Zem a choisi le cinéma pour se confier au sujet d’un drame familial : le traumatisme crânien qui a touché son frère cadet, Mustapha. A travers cette histoire, l’acteur et réalisateur raconte les conséquences de cette accident pour son frère, mais aussi pour toute sa famille. Un film sorti en salles le 23 novembre dernier. C’est dans un long-métrage que Roschdy Zem a choisi de raconter son histoire. Ou plutôt l’histoire de son frère cadet, Mustapha. Un homme décrit comme étant doux, tourné vers les autres et dévoué à sa famille. Un homme qu’un accident va brutalement changer. Un changement de comportement consécutif au traumatisme crânien Suite à une chute, Mustapha est victime d’un traumatisme crânien. Il change alors de caractère et devient méconnaissable. Il parle sans filtre. "Après un choc à la tête, cet homme si gentil est devenu quelqu’un au franc-parler désinhibé et féroce" raconte Roschdy Zem. "Cet événement a créé un cataclysme au sein de ma famille, qui est une famille à la fois très soudée et en proie aussi à des conflits, comme toutes les familles. Tout ce qui constitue cet accident nous a bouleversés". Quelles sont les conséquences d’un traumatisme crânien ? Un traumatisme crânien survient lorsque la boîte crânienne est violemment cognée, que cela soit au sol, lors d’un accident ou d’un coup porté à la tête. Interrogé, le Dr Wilfrid Casseron, neurologue à Aix-en-Provence, confirme les conséquences désastreuses que ce type d’accident peut avoir sur une personne. "En effet, après un traumatisme crânien, qui touchera la zone du lobe frontal, on peut constater chez le patient une modification de son comportement. Car c’est dans cette partie du cerveau que se logent les inhibitions sociales, c’est à dire les filtres sociaux, ce que l’on apprend à ne pas dire directement, pour ne pas blesser" détaille le spécialiste. Une conséquence qui peut aussi être retrouvée dans certains types de démences fronto-temporales, avec les mêmes troubles : désinhibition, impulsivité, irritabilité… La suite après cette publicité Peut-on se remettre de ce type de traumatisme ? Invité sur le plateau de C à Vous le 21 novembre dernier, Mustapha Zem a expliqué s’être remis en neuf mois seulement, contre deux ans et demi habituellement pour ce type de blessure. "Même si ce mot n’appartient pas au jargon médical, les médecins ont parlé de miracle", a-t-il expliqué au cours de l’émission. "La récupération du patient est en effet longue mais possible dans certains cas" confirme le Dr Casseron. "Tout dépend de la localisation de la lésion, de son importance... Plusieurs facteurs entrent en jeu". Rappelons que les traumatismes crâniens peuvent être graves et laisser des séquelles invalidantes. Il s’agit d’ailleurs de la première cause de mortalité chez les 15-25 ans et la première cause de handicap sévère chez les moins de 45 ans.
Article publié sur le site Doctissimo.fr

QUE SE PASSE T-IL DANS NOTRE CERVEAU APRÈS LA MORT ?
Publié le 29/11/2022 à 17h58 , mis à jour le 29/11/2022 à 17h58
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Sujet toujours mystérieux, la mort ne cesse d’être étudiée par les scientifiques. Le neurologue Eelco Wijdicks, ancien président de la division de neurologie des soins intensifs à la Mayo Clinic vient de publier un livre intitulé Brain Death, qui décrit minutieusement ce qui se passe dans notre organisme, après la mort. Si le processus de création de la vie, appelée embryogénèse, est désormais bien connu du monde scientifique, à l'inverse, la mort intrigue toujours. Contrairement à ce qu'on pourrait penser : une fois un individu déclaré mort, son organisme ne s'arrête pas tout de suite de fonctionner... Un corps qui fonctionne encore quelques minutes après la mort Une fois le patient déclaré mort, son organisme lui survit quelques minutes. En effet, le coeur continue de battre sans approvisionner de sang, les neurones peuvent survivre. Les réflexes sont aussi préservés dans les minutes suivant immédiatement le décès. "Les battements du coeur sont possibles effectivement, car le système électrique du coeur est indépendant du cerveau, mais cela ne dure pas très longtemps" confirme le Dr Wilfrid Casseron, neurologue à Aix-en-Provence. C’est aussi ce qu’indique le Dr Eelco Wijdicks, ancien président de la division de neurologie des soins intensifs à la Mayo Clinic, dans son livre BrainDeath. "Vous pouvez faire un électrocardiogramme, il montrera qu'il y a encore quelque chose qui se déclenche". La suite après cette publicité Le cerveau et le tronc cérébral, essentiels à la vie Si certains organes peuvent fonctionner quelques minutes indépendamment du cerveau, l’inverse ne semble pas être le cas. Le manque de sang crée rapidement des altérations au sein des neurones, qui ne peuvent plus fonctionner correctement. Et si le tronc cérébral est abîmé, toute activité cérébrale devient impossible. Dans le cadre du don d’organe, même lorsque le patient est débranché de son respirateur, les médecins patientent encore un peu avant d’entamer l’opération qui permettra de prendre ses organes. Un délai comme "une façon de garantir que toutes les dernières fonctions cérébrales sont terminées, et qu'elles ne reprendront jamais" estime le Dr Wijdicks. "De toute façon, avant de pouvoir déclarer quelqu’un comme étant en état de mort cérébrale, une procédure spéciale est à suivre, dont le fait de réaliser deux EEG à six heures d’intervalles avec les deux présentant des tracés plats, sans aucune activité électrique" précise le Dr Casseron. La suite après cette publicité Les morts ont parfois des mouvements involontaires Enfin, chose la plus impressionnante, peut-être, ce sont les mouvements involontaires médiés par la moelle épinière. Une personne récemment décédée peut ainsi lever le bras pour le mettre sur sa poitrine, ou fléchir les doigts, jusqu’à 24 heures après sa mort. "Ce sont des myoclonies - ou des sursauts - que l’on observe après une mort cérébrale, ce n’est pas très fréquent mais toujours un peu surprenant" confirme encore Wilfrid Casseron, qui rappelle que la mort physique ne signifie pas la mort immédiate du tronc cérébral et des autres organes qui composent notre organisme.
Article publié sur le site Doctissimo.fr
Quelques liens video ...
Présentation de la neurostimulation médullaire dans la stratégie de prise en charge des douleurs neurologiques chroniques par le Dr Marc Lévêque – Neurochirurgien
